Discours d'intronisation d'Olivier Racine

Abattu pour mémoire près de la Grotte des géants de Saillon un matin d’avril 1880, Samuel Farinet le faux-monnayeur au grand cœur fut enterré dans une fosse commune au sud ouest de l'église de Saillon.

Son cri était « VIVE LA LIBERTE ».

Au sommet de la tour Bayard (ivre mort il faut bien le dire) accompagné de l'un de mes maîtres à penser, mon ami résident du crû, « LE FARINET DE LA GRENADE » Claude Michellod le fameux frondeur à la plaquette sans nom qu'il faut savoir découvrir pour l'apercevoir, j'ai gravi le mât du drapeau blanc de la liberté, où j'ai crié :

« PAIX AUX MORTS VIVE LES VIVANTS, LE BON VIN DU VALAIS  ET L'IVRESSE QUI VA AVEC A EN MOURIR DE JOIE ».

Je me souviens des sombres ruelles du Bourg médiéval de Saillon parcourues en pleine nuit au pas de course pieds nus, me balançant le lendemain sur la passerelle à Farinet, avant de m'enfermer dans le puit, aujourd’hui cadenassé de la source d'eau chaude, immortalisée par Gustave Courbet, après m'être douché à la chute de cette même source.

En 1998,  sur cette même  Colline Ardente, j'ai tiré au fusil depuis le damier ésotérique, l'arme pointée en direction du Levant j'ai crié :

« HEUREUX LES FÊLÉS CAR ILS LAISSENT PASSER LA LUMIERE »

et c’est à cette occasion, cérémonie en l’honneur des troupes commandos des grenadiers de montagne, que je suis devenu propriétaire d'une part des vitraux et du chemin qui les relie à la Colline Ardente (pièce officielle à l'appui).
A cette occasion je portais le chapeau noir et le foulard rouge non communiste de la liberté. Je suis descendu dans la cave souterraine de la Colline Ardente où j'ai bu l'Arvine des Contestataires de  Marc-André Rossier avant d'honorer l'inconnue du Rhône sur le rocher gravé en son souvenir. . . paix à son âme !!!

Lors de la médiévale de septembre 1995, en compagnie du grenadier de montagne Pierre Antoine Crettenand, un authentique Valaisan et un Valaisan authentique, on s'est bu une Syrah boucanée à la lueur d'une chandelle dans les sous-sols du caveau de la résistance.

Je conclurai que suite à une "non erreur" de jeunesse en 1985 j’ai eu le triste honneur de partager la même prison de Valère dans laquelle fut enfermé celui qui nous rassemble aujourd’hui, Farinet l’homme des grands et petits espaces mais au cœur toujours grand.

J’ajouterai qu’en cette même période, alors que je me rendais contre mon gré de Sion à Lausanne dans un wagon cellulaire CFF pour y être entendu par un juge d’instruction, enfermé et épris de liberté, je n’ai pas hésité une seule seconde, je me suis évadé.
Farinet a dit :

« VIVE LA LIBERTE »

MOI JE L’AI PRISE !

Claude Michellod, gendarme en poste aujourd'hui, me l'a rappelé hier, et pourrais en témoigner demain auprès des plus sceptiques !!!

Je ne me souvenais plus de tout cela jusqu’à hier,  mais CHHHUUUT
ne le répétez à personne, Parce que l’un des deux Jean, Racine ou Cocteau, je ne sais plus trop, avait dit un jour :

« LE TACT DANS L’AUDACE C’EST DE SAVOIR JUSQU’OÙ ON PEUT ALLER TROP LOIN »

Olivier Racine  Saillon Valais, 7 juin 2009